Blog / Thierry Henry: L’approche de Pep contre Arsenal a étonné tout le monde

Football octobre 1st, 2025
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Thierry Henry: L’approche de Pep contre Arsenal a étonné tout le monde

Dans son dernier blog, notre ambassadeur mondial évoque l’approche d’Arsenal lors des grands matchs, le duo d’attaquants de Liverpool et la manière dont les entraîneurs équilibrent un système avec les résultats. 

Arsenal a inscrit un but en fin de match pour arracher le nul face à Manchester City ce week-end. Selon vous, c’est un point gagné ou deux points perdus ? 

On essaye de rattraper Liverpool, oui ? Donc techniquement, c’est deux points perdus. 

Maintenant, du côté performance et résilience, ce n’est pas mal. Ce n’est que le début de la saison, pas de panique. Liverpool a pris cinq points d’avance, mais il est encore très tôt. 

J’ai vu beaucoup de gens paniquer, mais je le répète : est-ce que je pense que Mikel Arteta fait un très bon travail ? Oui. Est-ce que je pense qu’il doit quitter ? Non. Est-ce que je pense qu’on peut gagner la ligue ? Oui. Mais on doit gagner quelque chose, et si j’étais joueur, ce serait ma mentalité. 

Il y a eu beaucoup de discussions sur l’approche de Mikel Arteta lors des matchs de Liverpool contre Manchester City. Pensez-vous qu’ils sont trop défensifs dans les grands matchs ?

Personne n’aurait pensé que City allait aborder le match de cette manière. Personne. J’étais au match et j’étais étonné. « Ouah ! City ? Vraiment ? » 

J’ai déjà été sur le banc, mais beaucoup de ceux qui parlent n’y ont jamais été. Ils ne savent pas ce que c’est que de se préparer pour jouer face à City, une équipe qui détruit généralement ses adversaires par sa possession. 

Alors peut-être qu’Arsenal a travaillé sur autre chose, peut-être qu’il a été surpris. Nous n’étions pas au centre d’entraînement, mais il est impossible que quelqu’un ait préparé ce match contre City en pensant qu’ils allaient jouer bas. 

City a enregistré la plus faible possession jamais vue par une équipe de Pep Guardiola. Que dit son approche du match à propos de son équipe City ? 

Si l’on regarde depuis le début de la saison, ils rencontrent un problème qu’ils n’avaient jamais eu auparavant : ils ont du mal à empêcher les transitions. Si tu joues contre Arsenal et que tu es trop ouvert quand tu attaques, tu es mort. Les gens disent que Pep ne veut jamais s’adapter à une situation. Il l’a fait, et on le critique. C’est facile de parler après coup. 

Peut-être qu’il essaie de trouver son équipe type avec deux nouveaux adjoints à ses côtés. Ils ont joué jeudi soir et je sais que cela a dérangé beaucoup de gens, mais ça compte. 

Peut-être qu’il s’est dit : « Essayons de les surprendre, jouons un match que nous n’avons jamais joué. » D’ailleurs, il peut faire ce qu’il veut. Il nous a tous étonné. 

Quels changements avez-vous remarqués dans la manière dont Arsenal a joué cette saison ? 

Tu vois que c’est difficile de nous percer quand nous sommes bien en place. J’ai entendu beaucoup de gens parler d’un manque de créativité, de touches longues, de jeu direct, de corners… Mais la chose la plus difficile à créer parfois, c’est d’être solide collectivement et difficile à battre, et nous avons cela à Arsenal. Parfois quand tu regardes le match, tu sens qu’il va être compliqué de marquer un but contre nous. 

C’est de cette manière que Mikel Arteta, en tant qu’entraîneur, veut que son équipe fonctionne. Nous devons le comprendre, l’accepter et le soutenir. Est-ce la manière flamboyante dont l’équipe jouait il y trois ans ? Je dirais non. Mais les autres équipes se sont aussi adaptées à ce qu’Arsenal avait à proposer, alors elles ont trouvé des solutions. 

Nous sommes très résilients. Si je te dit qu’une équipe n’a perdu aucun match en 33 rencontres face au « Big Six » et qu’elle n’a pas perdu contre Manchester City cinq matchs d’affilée, tu dirais que cette équipe a remporté le titre. C’est ce que nous devons faire maintenant. 

Liverpool a désormais deux attaquants de haut niveau avec Isak et Ekitike. En tant qu’entraîneur, comment gérez-vous le fait d’avoir deux joueurs qui estiment chacun mériter la même place ? 

On appelle ça un « joli casse-tête ». Il y a un choix maintenant, Ekitike s’est imposé comme une option. Il est arrivé et a levé tous les soucis concernant le temps qu’il lui faudrait pour s’adapter. Il a montré qu’il a le niveau pour jouer à Liverpool. 

Personne ne se demandait si Isak allait s’adapter après ce qu’il avait fait à Newcastle. Le point d’interrogation concernait davantage Ekitike, et il a répondu. 

Dans chaque équipe, tu dois avoir des joueurs de même qualité à chaque poste, parce que si quelqu’un se relâche, le remplaçant peur prendre sa place. C’est ce que nous avons créé à Arsenal : la qualité sur le banc est la même que celle sur le terrain. 

Quel est le transfert estival de la Premier League qui vous a le plus impressionné ? 

C’est Ekitike. Certains diront que c’est évident, mais il faut le reconnaitre. Personne n’a pensé qu’il allait arriver et performer de cette manière. 

Il y a eu des discussions à propos de Ruben Amorim qui reste fidèle à son système à Manchester United et d’Ange Postecoglou avec Tottenham la saison dernière. En tant qu’entraîneur, comment trouvez-vous l’équilibre entre une philosophie à long terme et l’obtention des résultats ?

Cela dépend de ce que le conseil d’administration t’autorise à faire. Tu ne vas pas changer de tactique après trois ou cinq matchs. Les joueurs vont dire « tu avais dit qu’on allait presser et relancer depuis l’arrière, et à chaque match tu changes ? »

Ce n’est pas toi ni moi là-bas. S’il ne veut pas changer, il ne le veut pas. Qu’on le laisse tranquille. Je comprends que parfois la tactique d’un entraîneur ne plaise pas à tout le monde, mais en fin de compte l’entraîneur essaie de faire passer un message à son équipe. 

La question est de savoir où aller, parce qu’on  toujours l’impression d’être sur le point de tout casser. Si tu changes, tu dois tout changer, et cela prend encore deux ou trois mois. 

On me dira qu’il n’y a pas de temps, parce que Manchester United essaie d’être compétitif en championnat. Mais j’ai déjà vécu des matchs où tu travailles sur quelque chose et, assis sur le banc, tu réalises que ça ne marche pas. Mais si je le change, ce sera pour quelque chose sur lequel nous n’avons jamais travaillé. Ça m’est arrivé aux Jeux olympiques contre les États-Unis. Ils faisaient quelque chose qui perturbait notre organisation, et mon adjoint voulait changer des choses. J’ai dit : « Ça va marcher, ça va marcher. » Nous avons tenu notre plan et, boum, ça a marché. Nous avons marqué exactement comme nous l’avions travaillé. Si j’avais changé, nous n’avions aucun plan, nous aurions joué à l’improviste.

Le meilleur exemple, c’est quand Pep Guardiola est arrivé. Il avait Claudio Bravo dans les buts, et on lui disait : «  Ici, c’est la Premier League, tu ne peux pas relancer depuis l’arrière comme ça. » Il n’a pas changé, il a continué à croire en ce qu’il pouvait faire, et il a réussi. Aujourd’hui, plus personne ne se souvient de cette période.

À un moment donné, c’est la victoire qui compte. C’est pour ça que tu espères que ton système fonctionne, parce que même si tu sais parfaitement qu’il peut marcher, les gens n’y croient pas.